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VISIONS DE L’INDE

vieillies s’écaillent dans l’obscurité. La balustrade est belle, même à côté de celle qui encadre les tombeaux du Taj, et, dans les galeries qui l’entourent, la formidable lumière de ces contrées est tamisée par des treillis de marbre d’une délicatesse qui n’a sa rivale nulle part. Mon guide m’explique en toussant sur un ton de mélopée traînarde que, même après sa mort, le vénérable Sulim Chèsti garde encore cette faculté du miracle génital qui semblait beaucoup plus explicable pendant sa vie.

Des bribes de linges, des morceaux d’étoffes sont attachés par centaines aux panneaux grillagés qui adornent cette tombe de solitaire aussi exquise qu’un boudoir. Ainsi les épouses superstitieuses espèrent obtenir, comme la Rajput, l’enfant qui tarde à gonfler leurs entrailles. Que le Fakir n’existe-t-il encore et que ne peuvent-elles lui rendre hommage en personne ! Comme elles seraient alors facilement exaucées !

Mais tout est sacré en cette enceinte. Une mosquée splendide dont les arceaux enthousiasment par leur nombre, leur élévation, leur variété, est le témoignage de la grandeur d’Allah, tandis que le portail, le plus beau peut-être dans toute l’Inde avec ses terrasses, ses colonnades, ses minarets, ses escaliers, ses dômes magnifiques, est l’affirmation de la grandeur d’Akbar.

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