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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/273

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VISIONS DE L’INDE

individus, pareils comme taille à de petits hommes, forment une population originale aux cuisses peintes. Ils marchent dans les rues, affairés comme des marchands, et, quand ils sont malades, la main tendue, le regard implorateur comme des mendiants. Il jouent avec les enfants qui sont plus singes queux ; et que de disputes fraternelles pour un gâteau ou un fruit qu’on se vole ! Généralement c’est la bête qui l’emporte. L’anthropomorphe, avec un cri de triomphe, s’enfuit vers quelque balcon ou se réfugie au sommet d’un arbre voisin. Il y a des singes partout où il y a des hommes, mais il n’y a pas des hommes partout où il y a des singes… Dans les maisons, ils sont encore chez eux, on ne les trouble pas, ce serait un péché de les frapper. Ils sont les incarnations du dieu Hanuman, le premier allié de Rama, qui fut le premier Hindou ; ils sont Hanuman[1] lui-même !

Ils remplissent les terrasses où ils s’accroupissent comme des hommes velus ; seuls, les toits des musulmans leur sont inhospitaliers ; les fervents du prophète répudient toute camaraderie avec la gent dérobeuse et disposent des ronces sur les balcons…

  1. Dans le Ramayana, ce quadrumane héroïque, fils du Vent, aide à la délivrance de Sita, l’épouse fidèle de Rama, prisonnière du monstre Ravana à Lanka. C’est en souvenir des services de l’ancêtre que les singes sont vénérés par les Vichnouistes, surtout. (Voir le chapitre l’ « Exil de Sita ».)