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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/276

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VISIONS DE L’INDE

Je remarque l’une d’elles qui, de sa terrasse, me sourit ; mais, comme je crains la jalousie indigène, je lui envoie mon boy qui, bientôt, redescend l’échelle-escalier, suivie de la jeune créature aux grands yeux d’escarboucles ; sa démarche fière et ses reins souples prouvent la science du rythme et des lascivités. Mon boy me la présenta par ces flatteuses paroles qui flairaient une récompense : « Elle s’appelle Rada, Sab, et elle est pareille, en effet, à la déesse préférée de Chrisna, et qui portait aussi ce nom suave. »

Je ne sais si elle a compris, mais elle sourit encore ; ses dents fortes et intactes ne sont point tachées de bétel comme les dents des autres courtisanes. Elle m’entraîne vers la rive. Je sens qu’elle aime l’eau, fluide comme elle, et, comme elle, cachant de timides monstres. Je l’accompagne dans la traverse étroite, toute bordée de pagotins. Arrivés (levant la Jumna, nous goûtons le spectacle sauvage, langoureux et pittoresque. L’après-midi fait s’affaiblir sur la rivière, le soleil. Dans les figuiers et les banians, les singes, suspendus d’une main et qui avant de bondir nous regardent, paraissent nous faire, avec leurs clignements d’yeux, des signes. La bayadère lève le bras pour saluer la lumière finissante.

Alors, comme si, en fée de théâtre, elle sus-