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VISIONS DE L’INDE

presque autant que ses connaissances historiques, et il est attaché à la déesse Dourga !

Depuis que mon camarade le globe-trotter, ayant acquis des compagnons plus adéquats à ses goûts, m’a délaissé, je ne sais plus plonger dans les troublants cloaques des cités indigènes. J’y suis gêné, je me sens mal à l’aise, car mon cœur s’y soulève, mon cerveau se voile de tristesse et d’appréhension.

Mon guide cauteleux m’insinue dans un couloir où les pénombres s’établissent déjà, propices aux incognitos et aux surprises. Telle est la « maison de bains » que Delhi moderne, semblable à la Rome antique, recèle en ses quartiers populeux. Naturellement, les voluptés païennes s’y intercalent entre les affusions d’eau tiède et les massages subtils. J’étais bien innocent de ne pas m’en être tout d’abord douté.

Depuis Bénarès, je suis inquiet de mon viatique de voyage que je porte avec moi et dont je n’ai laissé qu’une part à une banque anglaise de Calcutta. Le propriétaire des bains devine mes scrupules ; avec une solennité amusante, il m’apporte une cassette en fer forgé dont il me remet la clef. « Déposez ici, dit-il, les objets précieux que vous voulez conserver. Ce « servant » vous suivra partout, gardant votre trésor. Il est muet et n’obéit qu’aux signes. »

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