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VISIONS DE L’INDE

Décidément, j’entre dans l’aventure. Suivi par le noir silencieux, je pénètre dans la salle des bains aux jours de souffrance et qu’environnent de profonds réservoirs. Là, sans vêtements, vont et viennent des athlètes, pareils à des prêtres du rite lacustre, à des Paganinis du muscle et de l’os. En effet ils jouent du corps de leurs patients en vrai ? artistes. Entre leurs mains, vous devenez mobile et désarticulé comme une poupée à ressort. Ils vous roulent, vous plient, vous creusent, vous renflent, vous écartèlent, — et tout cela avec une irrésistible douceur, une chasteté érudite, une suggestion de gymnaste qui amollit, détend, délasse.

Massage extraordinaire, perspicace, — mystique si j’ose dire, car il est basé sur des « correspondances », sur la réciproque influence physique et psychique entre les membres des malaxeurs et ceux des malaxés, — utilise le cou, le bras, le flanc, la tête, la jambe, même le pied de l’opérateur, croit qu’un bienfait spécial, une volupté inhérente résultent de chaque membre, sont transmis par chaque partie de l’être. Ces Indiens, pour vous frictionner le corps, se servent de leur corps tout entier. Des vertus magnétiques s’attachent en effet pour ces praticiens du toucher au contact du pied qui délivre des maladies de foie ; et la tête communique de la force psychique…