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VISIONS DE L’INDE

le Thibet et dont les sanctuaires glorifient le Bouddha divinisé.


Je n’avais pas prévu cette distraction sensuelle que préméditèrent le guide cauteleux et le maître-baigneur. Je fais signe à ces poupées demi-chinoises que je n’userai pas d’elles ; je les garde comme de jolies bêtes familières.

Je leur montre derrière moi la cassette enfouie sous les coussins. Alors leur joie redouble. Ce sont de gentes écolières en récréation et qui jouent avec moi comme avec un maître qui a daigné abdiquer. Elles m’essaient leurs colliers, m’enveloppent la tête de leurs voiles, m’apportent des glaces pour que je rie en me voyant ainsi costumé. L’une s’obstine, enlève son pendant de nez, me l’essaie à toute force. Mais une voix gronde. C’est fini de s’amuser. Sans doute quelque nouveau client approche, et le seigneur de ce Bain-Harem avertit qu’il faut se tenir prêtes. Allons, j’ouvre la cassette, et comme des moineaux voraces se jetant sur le grain offert, les doigts agiles, que les bagues nombreuses n’alourdissent point, picorent les roupies..