Aller au contenu

Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
VISIONS DE L’INDE

coûtèrent vingt années et plus de 50 laks de roupies. Un mur titanique avec des tours colossales, entouré de fossés et armé de créneaux, protège, je l’ai dit, ces merveilles de l’art marmoréen. J’entre par la porte de Lahore, dont la massivité s’orne de dômes, d’arches surmontées de flèches dorées. Hélas ! le spectacle déçoit aussitôt. Les casernes et les magasins d’intendance ont supplanté les demeures de lis et de lotus en pierre dure. Les Anglais ont gâté par l’esprit inesthétique de la conquête européenne ces chefs-d’œuvre que bâtit la conquête musulmane. N’importe. La galerie des musiciens, les deux salles d’audience, la Moti Musjid (la mosquée perle) ont été relativement conservés, et nous pouvons évoquer, avec ces restes imposants, l’ensemble fantastique.

Après le portique de grès rouge l’éblouissement du marbre commence. Tout d’abord je prends la « galerie des musiciens », large édifice à deux étages avec terrasses et arcades superposées. Puis je pénètre dans le Dewan-i-Am. Contre le mur, une estrade de marbre neigeux supporte un trône de Justicier et de Roi, en marbre aussi, avec piliers et baldaquin. Quelle délicieuse colonnade sculptée et dorée, ornée de balcons en marbre et de kiosques découpés comme des dentelles, s’avance vers la Jumna !