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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/316

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VISIONS DE L’INDE

Contre le plafond très abîmé, je distingue encore les subtils filigranes d’or et d’argent que les orfèvres de Delhi exécutèrent. Ils furent aidés dans leurs ingénieux travaux par Austin de Bordeaux, que j’ai déjà cité à propos du Taj. Cet aventurier génial, après avoir dupé plusieurs princes européens par la fabrication de fausses gemmes, trouva à la cour du shah Jalian un refuge et une fortune. Oui, ce n’est pas seulement la matière impeccable qu’il faut admirer, c’est le travail prodigieux qui l’adorne. Le trône est brodé de quelles mosaïques ! Et quelles incrustations de miniatures exquises, oiseaux, fleurs et fruits qui sont des pierres précieuses ciselées ! Palais de féerie véritable où la volupté et la force ne font qu’un !

Le hall des audiences privées (Devan-i-Khas) est plus fascinant encore. Imaginez une colonnade oblongue avec un pavillon carré ayant arches et dômes et d’où une fenêtre en saillie regarde la Jumna. Le soleil étincelle sur tout cela, fait ressortir les couleurs riches et délicates de ces corniches dorées, de ces volutes, de ces treillis, de ces filigranes, de tout ce jardin figé, tantôt mauve, tantôt rose, tantôt paiement vert, tantôt de suave azur. Le « Trône des Paons » était là autrefois, et, quoiqu’il ait disparu, il mérite d’être décrit selon le témoignage qui nous reste de lui dans le