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VISIONS DE L’INDE

plus riche pièce, d’après le joaillier français — étaient blasonnés de gemmes follement coûteuses. Entre les deux paons, s’exhibait un perroquet grandeur nature, sculpté dans une seule émeraude. De chaque côté du trône, pour symboliser la royauté, s’ouvrait une ombrelle en. velours cramoisi brodé de perles. Les manches étaient hauts de deux mètres soixante, en or massif clouté de diamants.

Ce meuble luxueux jusqu’à l’extravagance — il fut évalué six millions de livres sterling — s’élevait sur un parapet d’argent massif ; on eût dit « un de nos lits de camp », écrit Tavernier, ou, mieux, un lit à quatre places, selon l’expression que je trouve dans Bereds ford’s Delhi. Il fut commencé par Tamerlan et achevé par Sha Jahan. Ce formidable scintillement de joyaux devait fasciner ce peuple coquet et vénal ; et le cœur des courtisans — pareil à celui des courtisanes, — subissait le charme de cette manifestation prodigieuse de richesse.


Au milieu de tant de merveilles, quelle est l’âme je ne dis pas « de ce siècle », mais hélas ! de tous les siècles, éprise de ce qui domine et brille, de l’opulence et de la force, quelle est l’âme païenne qui n’approuverait la maxime de superbe inscrite sur les murs en caractères persans et que me traduisit un brahmane expert en langages asiatiques :