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VISIONS DE L’INDE

« Ils vont ainsi, les malheureux, parce qu’ils n’ont pas même les quatre ou cinq sous nécessaires’pour acheter une cotonnade… Nous n’avons plus d’industrie. Tout nous vient d’Allemagne ou d’Angleterre… L’agriculteur vit encore avec ses deux ou trois annas par jour, si l’année est bonne et produit assez de froment et de grain ; mais, si les pluies ont été trop abondantes ou trop rares, il est perdu ; la famine atroce, inextinguible, la famine sans recours, — et je ne parle pas de la peste ! »


Nous allons au fort ; il est trop ruiné, il a été trop souvent décrit pour mériter une mention spéciale et nouvelle ; d’ailleurs comment le comparer à ceux de Delhi et d’Agra ?

Un soldat anglais m’accompagne ; ce tomy m’exhibe de vieilles armes dont il sourit et qui témoignent de cet esprit composite de l’Inde, à la fois ingénieux et enfantin. Pistolets qui sont aussi des sabres, canons pour chameaux, haches à dents de scies, boucliers où de fantastiques tigres sont peints, poignards tordus comme des éclairs…, inventions mystérieuses, fantasques (et le plus souvent inutiles) dans le contour, les aspérités des massues et des lances !

Et je crois apercevoir les armes enchantées, de préhistoire et d’opéra, — d’épopée véridique aussi