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VISIONS DE L’INDE

Cette cité n’a décidément que peu de rapport avec les autres agglomérations indiennes. Elle ressemble plutôt aux bourgades de Syrie, avec ceci de nouveau que les avenues sont très larges et claquantes de tentes ; les habitants sont presque blancs, vifs, altiers. On lit dans leurs yeux une indépendance, une force d’initiative que les Hindous ont complètement perdues. Ils ne vous convoquent pas à des achats. Ils nous regardent passer comme des échantillons d’une autre race sous le coup de feu de leurs yeux noirs. Sauf de très vieilles et de très pauvres, les femmes de Peshawour, scrupuleuses musulmanes, affectent de rendre invisibles leurs visages et les lignes de leur corps. La plupart restent chez elles, et celles qui se promènent s’enveloppent de la tête aux pieds avec un linceul blanc, criblé devant les yeux de petites ouvertures.

Ce vêtement est si strict qu’il fait de ces Èves ensevelies dans leur incognito, des sortes de moniales en cagoule ou plutôt de sacs ambulants. Par excessive rigidité, sur notre passage, beaucoup de ces hermétiques fantômes se détournent, sans doute pour ne pas offenser par notre image la pureté de leur regard et de leur pensée. Toujours suivis de notre escorte, nous pénétrons maintenant dans d’étroites ruelles assez propres, ressemblant, par le pittoresque des maisons et les accidents de la