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VISIONS DE L’INDE

sieurs semaines), habiter dans un quartier hindou, courrait le risque d’être mis au ban de la société et aucun de ses compatriotes ne le recevrait plus. Je prétends qu’aucun — je dis aucun — des Anglais qui sont « sur la liste », comme ils disent là-bas, c’est-à-dire « du monde », n’a visité l’immense Calcutta indigène et n’est allé voir cette atroce merveille dont j’ai parlé au début de ce livre : « le Temple de Rali » à Kalighât.

Dans la capitale de l’Inde comme dans toutes les autres cités, les conquérants se sont installés largement, magnifiquement, mais à une bonne distance des autochtones. À Calcutta, par exemple, Chorinji, le Maidan, « le quartier des palais », sont réservés aux Européens. Ils y vivent entre eux, forment une société à part, où l’Hindou et le Musulman ne pénètrent que comme subalternes.

L’Anglais méprise également l’Indien de haute et de basse caste ; il n’a guère d’estime pour les idées générales (le symbolisme religieux en dehors de la Bible) et les nuées métaphysiques. Il n’estime que le caractère. Aussi, pour lui, un brahmane ne vaut guère plus qu’un coolie. Une certaine dose d’ignorance historique chez le conquérant lui permet de considérer ces races si diverses sous l’appellation générale de « noirs ». Quand un Anglais a dit : « C’est un noir, » il pense avoir tout dit. Un