Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
382
VISIONS DE L’INDE

noir, ça ne compte pas, c’est fait pour obéir sans observation — et s’il y a résistance, on l’assouplit à coups de trique comme un animal.

Cependant les règlements nouveaux, particulièrement ceux qu’édicta le sage Lord Curzon[1], protègent avec énergie les indigènes contre les mauvais traitements que leur infligeaient les blancs dans une colère souvent justifiée par la paresse et la perfidie de cette race.

Récemment, un officier anglais, irrité contre un soldat indien, le frappa violemment ; le noir avait les hypocondres dilatés, maladie assez fréquente dans le pays. Ce coup l’acheva : il mourut deux jours après. Le Vice-Roi, l’ayant appris, obligea l’officier à démissionner, à quitter l’Inde, et ruina sa carrière. Le parti des « Vieux Anglais » s’indigna de cette répression… Il faut dire que les indigènes eux-mêmes trouvent assez naturel d’être battus quand ils l’ont mérité. Ce sont de grands enfants qui vont au bâton aussi simplement que nos écoliers vont au pensum.

Il n’empêche qu’aujourd’hui lorsqu’on veut rosser son boy, — je ne me suis jamais permis cette bru-

  1. Ce grand homme est dans l’Inde très critiqué par ses concitoyens, surtout parce qu’il veut mettre la main à tout pour réprimer les vieux abus ; les ingénieurs lui reprochent même d’intervenir jusque dans la construction des routes et dans la réparation des ponts.