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VISIONS DE L’INDE

victoire. Il y eut peut-être moins complot patriotique que mécontentement religieux.

Si j’en crois la tradition en cours chez les natifs, certains soldats musulmans se révoltèrent parce que l’enveloppe de la cartouche à mordre était en peau de porc ! Cette maladresse d’un fabricant manqua faire perdre sa plus belle colonie à la Grande-Bretagne. Une fois le foyer allumé, l’incendie s’élargit naturellement.

Les Hindous, d’ailleurs, s’y mêlèrent peu ; les Musulmans, qui, seuls, ont gardé quelque énergie, firent tous les frais de la guerre. Ne croyons pas tant à l’invincibilité de l’Angleterre, mais reconnaissons la profonde déchéance des peuples de l’Inde ; cette révolte a été écrasée non pas tant par les Anglais, comme ils tendraient à le faire croire, que par d’autres natifs !

Les troupes de la Reine, surprises, se défendirent admirablement ; mais jamais les Anglais seuls n’ont pris Delhi et n’auraient pu le prendre.

Cette secte nouvelle, les « Sikhs », dont j’ai décrit la ville sainte, Amritsar, née guerrière et que les Musulmans décimèrent autrefois, fut en la circonstance, excitée et armée par les Anglais : « Une occasion providentielle se présente. Tirez vengeance des enfants du Prophète. Ils vous ont chassés de Delhi : prenez Delhi ! » Les bons Sikhs se firent