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VISIONS DE L’INDE

fuma de rose l’air autour de nous, puis il nous donna des lotus. »

— Montons sur la terrasse, dit-il. Mes amis vont nous préparer le « tiffin » (on appelle ainsi, dans l’Inde anglaise, le repas du milieu de la journée).

De là, nous vîmes le plus émouvant spectacle : l’Inde, sa campagne fraîche sous le soleil brûlant, les étangs comme des miroirs qu’une déesse aurait laissé tomber en fuyant, les forêts, telle une douce toison veloutée ; le Gange, pareil à un bras viril qui enlacerait d’amour la terre.

De l’autre côté du fleuve, une pagode se haussait ; auprès d’elle, un grand banyan dilatait ses branches énormes qui deviennent, elles aussi, des arbres, descendent en racines dans le sol.

— Sous cet ombrage mon maître Ramachrisna entra pour la première fois en « samadhi », c’est-à-dire en extase, et il fut uni à la divinité. Pour nous, le lieu est aussi vénérable que, à Bouddha-Gaya, l’arbre Boddhi près duquel Gantuma prit conscience de sa mission.

Une demi-heure après, dans sa cellule, Vivekananda nous servit lui-même le « tiffin », qui se composa d’œufs et de lait frais, de graines aromatiques et de mangues, ces fruits qui valent nos plus exquises pêches. Mais il ne put s’asseoir avec nous.