Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
VISIONS DE L’INDE


IX

Au Théâtre hindou.


Comme la tika-carry resta longtemps à glisser, à patauger, à bondir dans ces rues infectes du Calcutta indigène, où brillent les tristes lueurs des marchands, petites lampes toutes nues, sans verres, sans abat-jour, dont la flamme frileuse, qui ne semble éclairer qu’elle-même, vacille dans l’obscurité et la fumée ! Et toujours cette humidité de marais qui vous suit partout, vous grimpe autour du corps, s’infiltre dans vos fibres, empoisonne votre sang. C’est la fièvre, en quelque sorte sensible ici, comme une personne fluidique, vivante. Elle dégage même une odeur spéciale où il y a de l’alcali, de la fleur et des légumes gâtés, de la peau noire en sueur et des relents de ce tabac indien qui a une senteur mouillée de rose et de santal.

Enfin nous voici au « Star Théâtre ». Un indigène le dirige. Il est aussi l’auteur des pièces qu’il y représente. Elles reflètent le goût de ce peuple superstitieux, sensible et exalté qui, n’ayant pas su faire le départ de la réalité du rêve, aime, dans

3