Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
VISIONS DE L’INDE

le champ de bataille lui-même, la forêt profonde où les jumeaux interrompent leurs jeux et leurs danses, pour saisir le glaive ou tendre l’arc, toujours victorieux. Et l’attrait qui se dégage de Lava et de Kusha est aussi irrésistible que leur force. Ils suscitent toutes les cajoleries, avant d’obliger à toutes les colères. Les deux autres frères du roi, même le bon Lakshmana, succombent. À chaque triomphe, les jumeaux se réjouissent et se félicitent l’un l’autre, en vrais enfants qu’ils sont, et partent en dansant retrouver leur mère. Celle-ci, qui ne sait rien des véritables dangers courus par ses enfants, s’étonne des marques d’égratignures sur leurs joues et sur leurs bras ; — les armes des ennemis n’ont pu qu’effleurer à peine ces fils d’une déesse et d’un dieu.

« Ah ! s’écrie-t-elle, qui a pu être assez méchant pour donner la chasse à mes pauvres enfants ? Hélas ! je ne puis les nourrir qu’avec les fruits de la forêt et jamais ils n’ont goûté à une friandise. Seules les fleurs sauvages leur servent de bracelets et de colliers, ils n’ont jamais eu d’autres bijoux. » Pour maintenir la rassurante illusion, les petits encombrent de délicieux bouquets les genoux maternels.

La colère de Rama qui voit tomber ses généraux et ses soldats s’exalte : il décide qu’il les suivra dans