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VISIONS DE L’INDE

leur retraite éternelle… Auparavant, il faut exterminer ces jeunes gens, en qui s’est incarné, croit-il, le dieu de la mort.

Mais la tristesse du roi d’Oudh tombe vite à l’arrivée de Lava et de Kusha. Ils sont si gracieux, le rire sur les lèvres à l’aspect de la figure grotesque du brave Hanuman, le roi des singes, le fidèle compagnon de Rama et de ses soldats mi-humains, mi-animaux. « Toi, s’écrient-ils, nous ne te ferons pas de mal, tu es trop drôle ! nous te porterons à notre mère pour l’amuser. » Cependant l’instinct de l’anthropoïde pressent mieux que les hommes la vérité. « Ce sont vos fils, Maître, dit-il, ce sont vos fils ! il n’y a pas de doute : il y a en ce lieu trois Rama. »

« Qui êtes-vous enfin ? questionne le roi charmé. — Tes ennemis nés, » répondent les jumeaux, et ils le provoquent et ils le raillent : « Comment ! vous, grand roi, si expert dans l’art militaire, comment pouvez-vous renier votre réputation chevaleresque en envoyant toute une armée combattre un couple d’enfants ? Nous ne disons pas cela pour nous, mais pour vous, car, à nous deux, nous sommes bien tranquilles, nous vous battrons, vous et tous vos soldats.

— Vous oseriez lutter en champ clos avec moi ? riposte le grand Rama. Vous ne vous rappelez donc point la célèbre bataille de Lanka ?