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VISIONS DE L’INDE


IV

Cohue de temples.


J’évite les bazars, je me laisse entraîner par une musique de bastringue vers un édifice moderne que domine le trident. L’orchestre est installé sur une terrasse en face du sacraire, où repose, au milieu de ses femmes sculptées contre les murailles, le dieu terrible, à cinq têtes, dont un visage est invisible toujours. Au sommet d’un escalier, un pavillon renferme le taureau générateur, le zébus, l’animal de labeur et de virilité, si utile dans l’Inde, où il remplace le cheval. Et ce taureau est agenouillé, ce taureau dont les fanons portent comme un initié les guirlandes de jasmin. Il adore le principe des fécondations, l’organe de pierre, juché devant lui sur une sorte d’autel. On dirait d’un flambeau noir, dont la rigidité éternelle célèbre le culte de la force. En des niches, les déesses, aux seins dénudés, pareils à des fruits sur des corbeilles de chair, se tordent pour des postures d’amoureuse piété. L’orchestre m’assourdit davantage de sa cacophonie ; les prêtres me rechaussent

5.