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VISIONS DE L’INDE

de trébucher à des marches qu’usèrent depuis plus de deux mille ans des talons d’enthousiastes. Je contourne le temple du Népaul, qui semble un kiosque chinois, et dont le toit de bois est surchargé de sculptures érotiques ; il est ombragé par un figuier énorme. À travers les branches, le Gange gris apparaît ; et sa rive droite, nue, toute de sable, s’étend plane comme un désert. J’arrive à l’Observatoire élevé par le rajah Jye Sing ; dans la cour, parmi d’énormes instruments astronomiques, s’entassent des pèlerins de toute langue, de toute vêture, qui prennent leur repas par terre, séparés, avec ce recueillement, cette tranquillité qui caractérisent les foules hindoues. Je m’approche d’eux pour distinguer ce qu’ils mangent : du riz, des fruits sur de larges feuilles. Alors c’est une rumeur, une fuite, un effroi, comme si une charge de cavalerie fondait sur eux… Je m’arrête, étonné ; mon guide m’explique qu’ils ont craint que je ne touche leur nourriture, — ce qui est la souillure suprême, le grand péché…


Enfin, me revoici au Temple d’Or, dont les coupoles, dorées en effet, étincellent. Contre la porte ouverte, des vieilles vendent des eaux parfumées, des friandises, des guirlandes ; tout cela va devenir les offrandes des adeptes. Le seuil est encombré