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VISIONS DE L’INDE


V

L’Impureté sacrée.


De là jusqu’au « Puits de la Science », il n’y a que quelques pas. Ce lieu méphitique est saint entre tous. Shiva habite dans cette eau vénéneuse, où toute l’Inde va puiser quelques gouttes rapportées précieusement dans les demeures, qu’elles sanctifient. Elle est distribuée, cette onde malfaisante, dans de petites coupes d’étain qu’un brahmane assoupi trempe dans un étroit bassin. « L’orifice du puits, explique mon guide, a été scellé par une colonnade de quarante piliers ». Il est, en effet, joli et aéré ce hangar ecclésial que fit construire la veuve du chieftain de Gwalior. Chaque colonne a son prêtre marmonneur ou sa mendiante chargée de bracelets. Les jeunes veaux vous y épient de leurs yeux candides. Mais, tout autour, les ascètes formidables se sont installés. Leurs turbans de corde leur font une couronne de pauvreté orgueilleuse. À côté du trident, le feu sacré ne s’éteint pas. Et ils subissent là, nus, sans changer de place, le soleil, le brouillard, la pluie, n’attendant de nourriture que de la piété des fidèles. Ceux-ci ne les