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C’est trop souvent dans cette sorte d’orthographe que furent écrits les rares documents wallons du XVIIe et du XVIIIe siècle, publiés par les soins de la Société liégeoise dans ses Bulletins. Aussi, dans notre examen rétrospectif, nous ne remonterons pas au delà de Cambresier, dont le dictionnaire fut imprimé en 1787. C’est l’inventaire de plus d’un siècle que nous nous imposons, et que par malheur nous imposons aussi à nos lecteurs.

CAMBRESIER.

« Les mots, dit Cambresier en sa courte préface, je les écris selon que l’oreille me le suggère ». Voilà tout son système ! C’est bien naïf et peu compromettant. Mais encore peut-on découvrir dans son œuvre certaines habitudes graphiques qui ont influencé les auteurs et les imitateurs de Cambresier pendant un demi siècle[1].

[Remarques générales. Les finales.]

Notre premier lexicographe n’abuse pas, en général, des façons d’écrire compliquées. Il se montre partisan de la suppression des consonnes finales et de l’e muet. Il écrit bravement : 1o (pied), (coup), deu (doigt), ni (nid), har (brèche), gran (grand), abouté (tendre un objet), copé (couper). 2o cof (coffre), nip (nippe), caval (cavale), agrap (agrafe), banîr (bannière), aprem (seulement).

Pourlant, quant aux consonnes finales, il lui arrive aussi d’en inscrire qui ne sont ni conformes à l’étymologie ni justifiées par l’oreille. Il s’est laissé guider, peut-être à son insu, par certaines analogies simplistes. Il écrit airjet comme le français jet, budget, d’zot comme sot ou pot ; ret (rais),

  1. Il ne faudrait point, on tous cas, juger de l’orthographe de Cambresier par les citations de Dejardin dans son Examen critique des dictionnaires wallons. On serait bien trompé. Presque toutes les citations sont altérées ou infidèlement transcrites.