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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

elles sortaient du café au premier étage duquel se trouvait le bureau des Ardennais.

Les deux fois, Mme Camille ne les vit pas, ou peut-être, par discrétion, fit semblant.

— Elle est partout, cette bonne dame, murmura Rolande.

— Oui, partout où il y a de la misère, fit Rose-Lys sans défiance.

À la fin de cette première semaine de leur séjour à Paris, Mme Camille vint les trouver au Foyer de la rue de Lille.

— Voulez-vous entrer à la fabrique de grenades Schwarlz et Cie, de Saint-Denis ?

— De grand cœur.

— Vous y gagnerez bien votre vie. Les débuts seront durs, mais au bout de peu de jours vous serez habituées… Je connais M. Schwartz. C’est un Suisse de Genève, qui est très aimé pour ses sentiments francophiles. Il a installé sa fabrique, sous le contrôle du gouvernement, dès la première année de la guerre, et il ne s’est pas contenté des grenades… à Corbeil, il a terminé, l’an dernier, l’installation d’une usine où il fabrique des moteurs d’aéroplanes…

« Entre nous, il était déjà très riche avant la guerre, paraît-il, mais il l’est devenu superbement, depuis deux ans. On dit que c’est phénoménal, l’argent qu’il gagne… Ce qui n’empêche pas qu’il soit resté un homme tout rond, tout simple… pareil à tous ses ouvriers, et le cœur sur la main… À Corbeil, près de son usine, il a acheté un château, en haut du coteau au pied duquel coule la Seine. J’y suis allée une fois. Il m’a invitée. C’est grandiose… Alors, c’est dit, mes enfants, vous acceptez ?

— Nous sommes prêtes à commencer dès demain.

— Donc, à demain. Je vous conduirai moi-même à Saint-Denis, et je vous présenterai à l’un des contre-maîtres, qui vous embauchera. Comme vous ne pour-