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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

dans quelque coin, chez elle, que personne n’en avait connaissance.

— Une… une pochette…

Et Noémie, la gorge broyée, brusquement se tut…

Les deux hommes continuaient de sourire.

Le regard du plus grand disait à l’autre :

— Nos déductions étaient justes. Nous ne nous sommes pas trompés…

Cette scène avait un témoin… Ce témoin, c’était la chatte Grisette…

Roulée au fond du panier capitonné qui était sa retraite habituelle, Grisette ne s’était pas dérangée à l’entrée des deux hommes… Elle s’était contentée de les regarder avec ses yeux d’or, où l’iris était presque invisible, après quoi elle avait fait une cabriole et maintenant elle étalait son ventre blanc en l’air, les pattes dressées et comme morte, dans son berceau ; mais un geste de frayeur de Noémie fit vaciller un fil noué à l’un des bras du fauteuil, et au bas duquel était attachée une pelote de papier grosse comme un œuf. La pelote se mit à danser et, dans son mouvement de pendule, vint effleurer les pattes de Grisette en l’aguichant. C’était son jeu favori et elle y passait souvent des heures avec sa maîtresse qui lui donnait la réplique. Un coup de patte lança sa pelote qui se rabattit sur son nez. Elle s’y cramponna, toujours couchée sur le dos, la mordit, la relança. Après quoi, étonnée sans doute d’être ce jour-là seule à cette distraction et que Noémie ne fit point attention à elle, Grisette sauta sur les genoux de la vieille, ronronna, fit son lit sur la jupe, et se coucha.

Doucement, avec une grande bienveillance, Sturberg continuait :

— Vous ne connaissiez pas l’existence de cette pochette ?…

— Mais non… non… et je crois que vous voulez rire…