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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Et la même pensée, la même crainte les envahit.

— Que sont-ils venus faire dans cette maison ?

Hélas ! la réponse n’était pas difficile…

Elles s’élancèrent dans l’escalier, oppressées par un pressentiment de malheur.

Puisque ces deux misérables avaient retrouvé la trace de Pulchérie, celle de Rolande, le même soupçon leur était venu, sans aucun doute, comme il était venu aux jeunes filles… Et, au bout de ce soupçon, Noémie.

Elles frappèrent chez la vieille.

Une voix chevrotante, à peine distincte, répondit.

Elles entrèrent.

Noémie, affalée dans son fauteuil de moleskine, sanglotait bruyamment. Et, à la vue des jeunes filles, ses sanglots redoublèrent.

Elles la prirent dans leurs bras.

— Noémie ! Noémie ! ma pauvre femme… qu’avez-vous ? Que se passe-t-il ?

Dans ses hoquets elles comprirent qu’elle répétait sans cesse :

— Ils me l’ont volée ! Ils me l’ont volée, les maudits !

— Qui ? Deux hommes, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Et ce qu’ils vous ont volé, c’est une pochette de cuir qui renfermait des papiers…

— Oui… Des papiers… des papiers si graves que, en me les confiant au moment de mourir Pulchérie m’avait fait jurer de ne les remettre à personne… à personne…

— À personne ? Ce n’est pas possible… Elle a dû prononcer un nom… le mien, Rolande de Chambry, ou le nom de Rose-Lys Barbarat…

— Elle n’en a pas eu le temps… Elle est morte… d’un coup, comme ça, juste au moment où éclatait dans le quartier un obus de la grosse Bertha…

— Ces papiers m’appartiennent, dit Rolande avec colère.