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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Le communiqué est très bon, ce matin. Nous avons encore avancé…

Il faut bien le reconnaître. Ce n’était pas seulement le dévouement à tous les blessés qui avait opéré ce miracle… mais surtout le dévouement à l’un d’entre eux, en particulier.

Et celui-là, on le sait, était Simon.

Lorsqu’il se leva pour la première fois et que le médecin lui permit de faire quelques pas dans le jardin et jusque sous les arbres qui descendaient vers la rive de la Seine, il eut besoin d’un bras pour le soutenir.

Et il trouva Isabelle, émue et souriante…

Dès lors, elle guetta ses promenades. Comme elle était un peu maîtresse, elle les restreignait ou les multipliait, au gré de sa propre volonté, en s’arrangeant de telle façon qu’elle était toujours libre et que Simon n’avait pas besoin d’une autre compagne.

L’amour éclatait dans ses yeux et dans le trouble de sa parole.

Il fallait, pour ne s’en point apercevoir, l’âme absente de l’officier, l’âme qui errait, loin de là, autour de Rolande.

L’amour d’Isabelle s’irrita peu à peu de cette réserve indifférente, et la jeune fille connut ses premières souffrances.

Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, que la santé de Simon se rétablissait, elle voyait arriver le jour où le soldat irait, sans hésiter, reprendre sa place au front de bataille.

Et elle savait qu’à partir de ce jour-là, même vivant, il serait perdu pour elle si, entre eux, elle ne provoquait pas une explication.

Qu’en espérait-elle ? Elle ne se le demandait pas… Elle avait peur, simplement… Et elle se disait : « Puisqu’il ne semble pas voir combien je l’aime, et