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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

peut-être même lui serait-il possible de passer par Clairefontaine en rejoignant sou régiment qui opérait dans les environs de Sedan, sur la frontière de Belgique.

Il avait décidé qu’il quitterait Corbeil le lendemain.

Cette décision, Isabelle n’était pas sans la connaître et il y avait en elle un peu de détresse, à l’approche de cette séparation.

Elle ne fit — ce qui était bien naturel — aucune tentative pour se rapprocher de Simon en ces deux jours qui lui restaient à vivre auprès de lui. Elle était certaine, en effet, que l’officier ne partirait pas sans venir lui exprimer sa gratitude pour tous les soins qu’il avait reçus.

Elle s’arrangea seulement pour être seule avec lui lorsqu’il viendrait.

Et ce fut dans un petit salon élégant et simple, tendu d’étoffes blanches, où couraient de légers filets bleus, qu’elle le reçut.

Le salon, qui faisait partie de l’appartement particulier d’Isabelle, était contigu à celui de Sturberg dans lequel deux pièces avaient été réservées à ses secrétaires et, comme les portes étaient restées ouvertes, on entendait le cliquetis rapide des machines à écrire, sous les doigts agiles de quelques dactylographes,

L’après-midi de ce dimanche était pluvieux et maussade. Le travail ne cessait pas chez Sturberg, le dimanche. Toute la France faisait, en ces jours de fièvre, un effort immense dans ses ateliers, ses usines, ses fabriques et ses forges, afin de pourvoir aux dépenses gigantesques de canons et de munitions que le front victorieux réclamait sans cesse.

On sentait que la fin approchait, pleine de gloire, et que c’était la délivrance, et la nation était haletante, arc-boutée sur ses reins et les muscles gonflés pour un dernier assaut de la lutte monstrueuse.