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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Comme le jour était sombre, Isabelle avait relevé les rideaux sur les fenêtres afin de laisser pénétrer plus de lumière.

Et, ce jour-là, à cause de l’humidité froide, aucun malade n’avait eu la permission de sortir. On ne voyait, traversant la cour et les jardins, que des directeurs ou quelque employé faisant, pour une communication pressante, la navette entre le château et la fabrique.

Quand une femme vint annoncer à Isabelle que Simon Levaillant désirait lui parler, elle fut troublée infiniment, bien qu’elle s’y attendît.

Et en s’avançant vers lui, les mains offertes, son sourire tremblait.

Sans autre préambule, le cœur chaleureux, Simon lui disait :

— Je vous ai remerciée chaque jour, mademoiselle, de tout le dévouement dont vous nous donniez tant de preuves, mais je tiens à ce que vous sachiez que je me rends très bien compte que je vous dois, à vous en particulier, de vivre, et mon retour à la santé… Je ne vous oublierai jamais…

Elle secoua la tête.

— Si, vous m’oublierez…

— Non, mademoiselle, ni vos soins si attentifs ni le charme de votre beauté dont l’approche était pour tous les douloureux qui frissonnaient dans leur lit, un soulagement et une espérance de vie meilleure.

— J’ai soigné tous mes blessés et tous mes malades, sauf un seul, avec une égale tendresse comme s’ils avaient été des frères pour moi ou des membres de ma famille… sauf un seul pour lequel ma pitié était plus grande que pour les autres, auprès duquel j’étais plus heureuse que partout ailleurs. La gratitude de ceux qui étaient là me touchait profondément et ils avaient une si gentille façon de l’exprimer ! Mais n’eussent-ils rien dit que j’aurais été entièrement ré-