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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Et s’il avait accusé un innocent ?… Si vraiment cet acte atroce, ce meurtre de Rolande, ne s’était point passé, malgré l’évidence, comme lui, Norbert, l’avait cru et affirmé ?…

Et en son âme orgueilleuse, une grande pitié, en même temps que le remords.

Puis une autre pensée…

Simon lui avait dit :

« — Si je suis tué, tâchez qu’on ne laisse pas mon corps à l’ennemi… »

Et il lui avait recommandé de prendre les terribles papiers enfermés dans la pochette de cuir, secret de douleur et, sans doute, révélation du mystère.

Alors, répondant tout haut à la question qui montait de son cœur :

— Certes, fût-il coupable et n’eût-il reçu de moi aucune promesse, je ne laisserais pas son corps à l’ennemi…

Mais les dragons de Lafosse ont deviné son intention.

À cheval, ils partent à fond de train sur un plateau découvert, dans la direction du chêne.

Ils n’ont pas franchi cent mètres qu’une rafale de mitrailleuse, les fait tourbillonner sur place comme un coup de vent ramasse en trombe des feuilles mortes. La moitié des chevaux et des hommes gisent sur la terre… Des plaintes s’élèvent…

Ceux qui restent vont repartir…

Un ordre impérieux les arrête, lancé par un cavalier au galop :

— Descendez !… Faites coucher vos chevaux… Couchez-vous !…

C’est Norbert, indifférent aux balles qui sifflent et grondent autour de lui.

Il a laissé ses hommes à la lisière du bois et, seul, il est accouru en voyant le désastre… Les dragons obéissent… il y a là des fossés, des accidents de ter-