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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

exprimer leur bonheur infini, se mirent à pleurer… et de pleurer, cela les calma…

— Je te croyais mort…

— Et moi, je n’osais plus croire que tu étais vivante !…

— Mais comment ? Comment ?

Chacun des deux racontait. Et ils étaient si pressés de tout dire qu’ils parlaient ensemble… Et les questions se mêlaient aux réponses… Puis, souvent, ils se taisaient… Ils se taisaient pour se regarder en souriant, en se serrant les mains… Et on cet instant de plénitude, tous les mauvais souvenirs étaient effacés de la mémoire de Rolande… elle oubliait les misères de l’invasion… la longue maladie qui avait suspendu ses facultés… les cruautés des Allemands, à Clairefontaine, et plus tard au camp, où ils l’avaient obligée à un métier d’esclave… En cet instant, l’année tragique de son séjour à Medgyar et le guet-apens, et le crime, elle oublia tout… noyée dans la tendresse qui tombait du regard de son ami chéri…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À la même minute, au château, Nicky Lariss venait d’entrer chez Isabelle. Il avait vu, quelques minutes auparavant, Simon Levaillant en sortir. Sa jalousie lui avait fait deviner l’objet de cette entrevue.

Et, en entrant, il avait surpris Isabelle sanglotant, la figure dans les mains.

Ces sanglots, c’était plus qu’un aveu d’amour, c’était aussi un aveu de défaite.

Quand elle le vit, et que d’un geste esquissé elle voulut le congédier, il dit :

— Je savais qu’il ne vous aimait pas et qu’il ne pourrait vous aimer…

Chez elle, les larmes redoublaient… Il ajoutait, montrant la fenêtre :