Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

pour rien… Ces deux hommes étaient : l’un, le père du commandant Levaillant ; l’autre, le père de Rose-Lys Barbarat. Et vous aimez le fils de l’homme que votre père a assassiné… Nous avons cherché partout, vainement, et c’est alors que Sturberg, pour être plus libre et ne point éveiller de soupçons, put se faire passer pour Suisse, obtint des commandes importantes de l’État… et qu’il eut tout loisir de poursuivre en paix la mission que le gouvernement autrichien lui confirmait souvent, en faisant briller à ses yeux des promesses magnifiques pour le cas où il réussirait… Le document, depuis quelques jours, est retombé entre nos mains… et… ce n’est pas tout… Maintenant que votre père a triomphé et qu’il n’a plus à craindre pour notre pays des révélations menaçantes… l’ordre qui lui a été envoyé par dépêche est formel… Rolande de Chambry est condamnée… et voilà pourquoi elle est ici, sous ses yeux… sous notre surveillance… dans l’impossibilité d’échapper au sort que Sturberg lui réserve…

C’était ce même récit, en d’autres termes, que Rolande faisait à Simon, reliant ainsi la vie présente à celle que tous deux avaient vécue dans les jours qui avaient précédé la guerre, jusqu’au moment de leur séparation. À plusieurs reprises, la jeune fille avait prononcé les noms de Sturberg et de Nicky Lariss, les deux bandits lancés contre elle et qui avaient été la cause de tant d’épouvantes et de tant de cauchemars. Puis elle conta leurs aventures, à Rose-Lys et à elle, en Allemagne, et leur retour en France et comment elles étaient entrées à la fabrique de Saint-Denis, puis enfin à Corbeil. C’est ainsi que Simon apprit comment la fatale pochette de cuir contenant le document avait été confiée à la pauvre et peureuse Pulchérie, puis à Noémie et comment elle était entre les mains de Sturberg. L’officier avait écouté passionnément ce récit, frémissant à tous les périls qui avaient