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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Norbert était dans un tel état de faiblesse qu’il resta au lit pendant une quinzaine de jours. Rolande et Rose-Lys le soignaient, lui tenaient compagnie. Et, surpris, le jeune homme suivait d’un long regard la silhouette mignonne et jolie de la fille de Barbarat. Parfois il se prenait à penser :

— Je la connaissais et il me semble que je ne l’avais jamais vue…

Rolande, en surprenant l’un de ces regards, comprit tout à coup et sourit… En contant toute sa vie à Norbert, elle avait laissé dans l’ombre le lâche attentat de Godollo, mais elle avait fait l’histoire du document. L’officier demanda :

— Qu’attends-tu pour le livrer au gouvernement français ?

Elle se troubla, devint pâle, et répondit seulement :

— La prochaine arrivée de Simon.

— Pourquoi ?

— Tu le sauras… Car il y a quelque chose que je t’ai caché… un autre drame… qu’il ignore comme toi… et je veux que ce soit devant vous deux…

Elle n’acheva pas. Les larmes l’oppressaient. Il n’osa plus l’interroger.

Il se rétablit lentement, se leva, se hasarda à sortir. Déjà les premières tiédeurs du printemps faisaient surgir les primevères et les violettes. Rolande écrivait à Simon tous les jours et tous les jours recevait une lettre de lui.

Une fois, elle dit à Norbert :

— Il a sa permission. Il est parti. Il sera demain auprès de nous…

Et, chose étrange, au lieu de la joie qu’elle eût dû manifester, ce furent des larmes qui jaillirent de ses yeux. Elle les essuya vivement.

— Mon Dieu, qu’as-tu ?

— Bientôt, bientôt… dit-elle… tu sauras.

Le lendemain, dans la soirée, Simon arrivait. Les