Moulins-Neufs n’existaient plus. Ce fut à Clairefontaine qu’il reçut l’hospitalité. Et Simon, lorsqu’il franchit le seuil du château, vit s’avancer vers lui Norbert de Chambry, profondément ému.
Chambry allait parler… Mais, brusquement, Simon disait :
— Tais-toi… Tais-toi… Laisse-moi t’embrasser… C’est plus simple…
Et les deux soldats s’étreignirent.
Alors Rolande leur fit un signe, murmura :
— Avant tout… venez.
Elle les entraîna dans un petit salon aux tentures déchirées, aux vitres brisées.
Et, présentant à Norbert une pochette au cuir noir usé par les frottements :
— Dans cette pochette, tu trouveras des papiers sous double enveloppe.
Norbert l’ouvrit.
— Déchire la première… Il y a une lettre écrite de ma main… écrite, ici, à Clairefontaine, le jour même, 28 juin 1914, où l’archiduc François-Ferdinand était assassiné à Sarajevo…
Norbert obéit et retira la lettre.
Elle dit, défaillante, son visage dans ses mains jointes :
— Ouvre, et lis…
Il ouvrit et lut… tremblant…
C’était la révélation du crime commis contre elle…
Elle disait tout bas, comme en prière :
— Il faut bien que tu saches…
Elle montra Simon, qui écoutait, interdit :
— Et lui aussi, lui surtout !…
Norbert achevait sa lecture… Il prit Rolande dans ses bras, la pressa contre lui éperdument, couvrant ses cheveux de baisers…
— Chérie ! chérie ! Pauvre chère âme !…
Et Rolande, à Simon :