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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

C’était un capitaine allemand, à moustache si blonde qu’elle paraissait blanche… aux épaules énormes, haut et large, un géant… Il n’employait pas toute sa force et riait, sûr de vaincre, faisant durer le plaisir… pendant que Norbert, lui, usait toute la sienne.

La lutte était inégale… Norbert le sentit, entrevit la mort, une mort ignoble…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Là-haut, dans les branches du chêne, pourtant, un peu de vie se manifesta fout à coup, parmi les feuilles. Le corps plié de Simon remua… les bras s’agitèrent dans le vide ; les jambes, dans le vide, se balancèrent.

Projeté sur la fourche par la force de l’explosion, Simon n’était qu’évanoui…

La commotion l’avait privé de tout mouvement, lui avait donné l’insensibilité d’un cadavre… la sensibilité lui revenait… il reprenait vie…

Où, comment se réveillait-il ?…

Ce fut, pendant de longs moments, un état bizarre où il ne démêlait rien, où il eut la sensation de quelque chose de surnaturel… il se sentait captif et brisé… enchaîné et libre avec le vide autour de lui. Ses tempes battaient avec violence… le sang affluait à son cerveau et rien de précis ne s’en dégageait… il ne se rendait même pas compte qu’il vivait… puis, à la fin, les lourds brouillards se dissipèrent… un souvenir surgit péniblement, qui en éveilla d’autres… Cet arbre où il avait grimpé… les observations qu’il avait faites… les masses ennemies en mouvement… les flammes brusques qui l’enveloppèrent dans un fracas de catastrophe… et plus rien… Alors il comprit ce qui était arrivé, remua. Il étouffait… Il réussit à se remettre en équilibre… fut pris d’un étourdissement… serra une branche de la fourche entre ses bras, désespérément, pour ne pas tomber… rouvrit