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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Pulchérie éleva son chapelet à son front, à sa poitrine, à son épaule gauche, à son épaule droite, baisa le crucifix de cuivre et, réunissant ses forces, elle dit :

— Vous avez raison de ne pas me faire de mal, puisque je ne sais rien !

De sa cachette, couché au ras du plancher, au-dessus de la cuisine. Jean-Louis ne se rendait pas compte de ce qui se passait.

Le bruit des voix, les menaces, n’arrivaient pas jusqu’à lui.

Tout à l’heure, il avait bien entendu des détonations, mais elles lui avaient paru lointaines et aucun soupçon d’un drame ne lui était venu.

Cependant, il se disait que tout danger n’avait pas disparu.

Les Allemands étaient toujours dans la maison. Certes, personne ne trahirait sa retraite, mais, d’un instant à l’autre, ils pouvaient la découvrir.

Un peu de répit lui était laissé.

Il résolut d’en profiter pour son salut.

La soupente prenait jour sur le jardin par une étroite lucarne contre laquelle était rabattu un contrevent retenu au mur par un crochet.

Il l’ouvrit lentement, l’entre-bâilla seulement, jeta au dehors un coup d’œil.

Il faisait une journée splendide, et le soleil éclairait le jardin et la campagne de rayons ardents. Aucun obus ne tombait plus sur Reims où passait, en une ruée qui paraissait ne devoir jamais s’arrêter, la fourmilière des uniformes gris.

Le jardin était clos par un mur trop haut pour être escaladé, garni sur le haut de morceaux Se verre et de tessons de bouteilles, innocente protection contre les maraudeurs. Dans un angle, s’élevaient les quatre murs en construction d’un pavillon dans lequel les maçons, pris de court, avaient abandonné leurs outils.