Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

et le tabac, aux meubles éventrés, et dont la carpelle était salie de toutes les souillures et de toutes les immondices.

Le tableau troué, vitres en éclats, pendait toujours à sa place.

Elle monta sur une chaise pour y atteindre… glissa la main contre le mur.

Pulchérie, sans comprendre ces allures, regardait faire.

À ce moment, comme si elle avait été frappée par une commotion électrique, Rose-Lys se retourna brusquement…

Derrière elle, sur la rue, la fenêtre était grande ouverte…

En face, de l’autre côté de la chaussée, une maison bourgeoise offrait au soleil ses volets verts, les pampres de sa vigne grimpante et des glycines défleuries. La maison avait été occupée, elle aussi, par les Boches, et elle avait subi le même sort que celle de Cyrille Leduc…

Or, de l’une des fenêtres, à l’instant précis où Rose-Lys se retournait, une tête disparut surprise à l’improviste…

Les yeux encore brouillée de larmes, la jeune fille crut avoir mal vu…

Sa main toucha la pochette de cuir…

Elle eut un frémissement de joie…

Mais pour la seconde fois, invinciblement attirée, elle se retourna vivement.

Et, pour la seconde fois, la tête disparut.

Cette fois, elle était bien sûre de ne s’être pas trompée :

Elle avait vu…

Quelqu’un la guettait… et même, si rapide qu’eût été cette vision, elle eut l’intuition que l’espion devait être un des bandits qui avaient ordonné le meurtre de son père et celui de Jean-Louis…