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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Et elle resta ainsi, tournée vers la fenêtre inondée de soleil, n’osant plus bouger et retirer la pochette, comme si sa main avait été prise au piège entre le mur et le tableau du chasseur au marais…

Derrière sa douceur, l’enfant cachait une énergie virile.

Elle garda son sang-froid.

Et sans perdre de vue l’autre maison, mais la voix altérée, elle dit :

— Pulchérie, je cours en ce moment un grand danger…

— Mon Dieu ! dit la vieille fille, les mains jointes.

— Veux-tu me sauver ?

— Si je veux !  !

Et les bons yeux de Pulchérie s’emplirent d’un grand et muet reproche.

— Dans la maison d’en face, un misérable me guette, il a intérêt à savoir ce que je fais… il s’en doute… il attend… Il a tué Jean-Louis pour lui voler un document… Ce document, Jean-Louis l’avait caché derrière ce tableau… il y est encore… et Jean-Louis m’avait dit : « Si je meurs, tu garderas ce dépôt au péril de ta vie… » Dans un instant, l’homme sera ici et me fouillera… Et cette fois, il trouvera… Veux-tu m’aider ?

— Oui, fit Pulchérie, dont les dents claquaient.

— Je vais soulever le tableau et la pochette glissera contre le mur… Tu la ramasseras… Tu la cacheras contre ta poitrine, plus tard, dans la doublure de ta jupe… et pendant que je resterai où je suis, dans la même attitude, en retenant l’attention de l’homme, tu descendras au jardin… Quand l’homme rentrera ici, car il va venir, j’en suis sûre, tu ne t’occuperas plus de moi ni de Rolande… Tu nous abandonneras à notre sort… Tu t’en iras de ton côté et tu te sépareras de nous…