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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Il roulait autour de lui des yeux féroces.

Et tout à coup, il cria :

— La vieille ?…

— Que lui voulez-vous ? dit Rose-Lys, paisiblement,

— Où est-elle ? Il me la faut sur-le-champ.

— Elle nous a quittées depuis ce matin, elle avait trop peur…

— Tu mens… Tu sais où elle est ?

— Mais oui…

— Et tu vas me le dire, sinon…

Il appliqua un revolver contre les yeux de la jeune fille.

— Mais oui, je vais vous le dire, je n’ai pas de raison pour vous le cacher…

Montrant le papier signé du major :

— Avec un sauf-conduit pareil à celui-ci, elle est retournée à Clairefontaine… Moi-même je vais en faire autant, avec ma pauvre amie malade, puisque c’est l’ordre… Et si vous avez quelque recommandation à transmettre à Pulchérie, ce sera pour moi un plaisir…

Cette fois, il n’aurait pas le dessus.

Un instant, il resta indécis, se rappelant ses soupçons et ce qu’il croyait avoir vu tout à l’heure, quand Rose-Lys fouillait derrière le tableau. Ni lui, ni Sturberg n’avaient cherché là. C’était là, maintenant il en était sûr, qu’était la cachette… Il arrivait trop tard… Partie remise, car, par la menace ou par la force, il n’obtiendrait rien de cette enfant. Comme une bête furieuse, il parcourut toutes les pièces de la maison, traversa le jardin, mais depuis longtemps Pulchérie n’y était plus. Elle allait, la pauvre femme, au hasard des rues encombrées de soldats, n’écoutant que son horreur et son épouvante, sourde aux clameurs, aveugle à tous les spectacles, refoulée parfois dans une encoignure, parfois se retrouvant libre, au milieu d’une rue pour un instant déserte… Son chapelet