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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

goût… Vous avez abusé de son amour et de sa confiance en lui dérobant des documents que vous détenez depuis lors et que notre gouvernement a intérêt à recouvrer…

Oui, c’était bien ce que j’avais compris. Je savais où il voulait en venir…

— Où sont ces documents ?

— Ils ne sont plus en ma possession depuis longtemps…

— Vous avouez donc les lui avoir dérobés…

— Je l’avoue…

— Et où sont-ils ?

— Voilà ce qu’il m’est impossible de vous dire… Et, pour éviter de nouvelles questions, je me hâtai d’ajouter :

— Si je savais où sont les papiers dont votre gouvernement s’inquiète, je ne vous le dirais pas… Envoyez-moi donc au chenil où vous m’enfermez et aux souffrances qui m’y attendent…

— Je briserai votre volonté…

— Ma volonté, c’est du néant. Vous ne pouvez briser ce qui n’existe pas…

Et le supplice continua, discipliné, organisé, méthodique. Ma ration diminuait de quelques grammes tous les jours. Je pouvais facilement calculer les heures qui me restaient à vivre… jusqu’à celle où toute nourriture me serait refusée… Voilà où j’en étais… mais ma faiblesse était si grande que je ne me rendais plus compte de rien… Je n’avais plus la force de me lever, de nettoyer ma cellule… Je demeurais dans la saleté, dans la pourriture, dans la vermine… C’était affreux… Mon Dieu ! Mon Dieu !…

Rolande pleura à l’évocation de ces souvenirs…

Rose-Lys ne cessait de lui caresser les mains qu’elle pressait contre son cœur.

Et comme la pauvre victime, peu à peu, avait élevé la voix, les autres rapatriées, dans le compartiment,