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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/358

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CHAPITRE III.

La liberté des cultes n’est complète et possible que si elle
coexiste avec la liberté de penser.


Quoi que puissent dire les partisans de l’alliance entre les deux pouvoirs, il n’y a de simple et de logique que le régime des religions d’État, ou celui de la séparation absolue de la société civile et de la société religieuse.

En effet, établir une religion d’État, c’est sans doute fonder la société sur la négation de la liberté, ce qui est un crime en tout temps, et de plus, à l’heure qu’il est, une lutte contre l’impossible ; mais une fois le principe posé, tout l’ordre social s’en déduit avec une logique admirable, parce que c’est un principe clair et complet. Du moment qu’on renonce à la religion d’État, comme il le faut bien par nécessité et par justice, la logique, si on la consulte seule, veut qu’on aille à l’extrémité opposée, et que l’on fonde l’État sur la liberté absolue et l’indifférence des cultes positifs ; car c’est là aussi un principe complet, que tous les esprits saisissent, dont les conséquences sont évidentes, et qui n’engendre ni faux-fuyants ni compromis. On est vraiment trop heureux quand, le principe d’une loi étant posé, tous les esprits aperçoivent immédiatement les lois secondaires qui en dérivent.

Supposons un instant que les faits n’apportent aucune complication, et qu’on n’ait à compter qu’avec les principes