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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/380

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fidèles qui réside à Rome dans ses propres États. Que le pape ordonne au clergé français de refuser la bénédiction de l’Église aux mariages mixtes, ou de mettre des conditions à la présence des aumôniers dans les collèges, ou de réclamer par tous les moyens en son pouvoir, par la presse, par la prédication, par la confession, par les mandements épiscopaux, l’abolition de la liberté de conscience, que fera le clergé ? Obéira-t-il ? Je le crois. Que fera l’État ? Je sais bien ce qu’on peut répondre : le pape ne fera pas cela, pour deux raisons ; d’abord parce qu’il est sage, et ensuite parce qu’il y a un concordat entre Rome et la France.

Mais tout en rendant hommage à la sagesse et à l’habileté de la cour de Rome, je puis bien dire, parce que cela est évident (et tous les catholiques le diront avec moi), que la situation des affaires ecclésiastiques en France n’est pas absolument telle que la souhaiteraient les ultramontains. Je n’exagère rien en disant que les propositions de 1682 leur paraissent bien près d’être une hérésie. Le pape vient de signer, il y a quelques années, un concordat avec l’Autriche : peut-on douter qu’il n’en désire un pareil en France ? Plus récemment encore, dans une allocution sur les affaires ecclésiastiques du Mexique, le pape n’a pas paru très-favorable « aux grands principes de 1789. » Bornons-nous à cela ; et ne parlons pas des colères provoquées avant la guerre d’Italie, par la sécularisation des communautés en Piémont et en Espagne.

Qu’y a-t-il donc entre la France et une situation équivalente à celle qui a été faite à l’Autriche ? Une seule barrière ; le concordat de 1801. Il reste encore autre chose ; c’est la volonté de la France de ne pas souffrir certaines agressions. Cette volonté ne peut être mise en doute ; on luttera donc, mais il faudra lutter chaque jour. Je veux bien croire aussi qu’on luttera avec succès ; mais cette guerre, dans laquelle on est sûr d’avance de ne pouvoir être vaincu, n’en, est pas moins très-déplorable en elle--