Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/167

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Nous sommes là une vingtaine.

Une plume grince, quelqu’un tousse, le pion fait deux ou trois tours en regardant le ciel à travers les croisées.

« M’sieu… sortir ! »

Il fait oui de la tête, et sous prétexte d’aller là-bas, je traîne un peu dans les longs corridors, je fourre le nez dans des salles vides, je jette par une fenêtre une bille, j’envoie une boulette de pain à un moineau, je lorgne l’infirmière et je tâche d’aller chiper des fruits au réfectoire, puis je reviens à cloche-pied, dans l’étude.

Je me replonge la tête dans ce qui me reste de papier, que je barbouille avec ce qui me reste d’encre, je pense à tout autre chose qu’à ce que j’écris — et il se trouve qu’il y a quelquefois dans mes pensums des « Turfin pignouf. Turfin crétin. »


Mardi matin.

C’était composition en version latine.

Je cherchais un mot, dans un dictionnaire tout petit que mon père m’a donné à la place de Quicherat.

Turfin croit que c’est une traduction.

Il s’avance et me demande le livre que je cachais tout à l’heure.

Je lui montre le petit dictionnaire.

« Ce n’est pas celui-là.

— Si, m’sieu !

— Vous copiez votre version.