Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/295

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« Vous remercierez bien votre père, » dit-il.

Il me sembla qu’il avait une tache brillante, une goutte d’eau dans les yeux.

Il pleurait, — mais est-ce que les Romains pleuraient ?

Je commençais à croire qu’on s’était trompé ou qu’il avait menti ; il me tendit un petit livre.

« C’est moi qui l’ai fait, dit-il. Aimez-vous les mathématiques ?… »

Il vit que non à mon air.

« Non ! — Eh bien ! mon livre vous plaira peut-être tout de même. Tenez, il y a une boîte avec. »

Il me conduisit jusqu’à la porte, tenant toujours sa culotte, et relevant ses lunettes avec ses bouts de doigts ; je l’entendis qui disait à son chien :

« C’est une leçon de quarante sous ; tu auras de la pâtée ; moi, j’aurai du pain. »


Il avait été adressé à mon père, par hasard, et mon père lui avait trouvé une répétition ; c’était l’objet de la lettre.

« Aimez-vous les mathématiques ? »

Il ne voyait donc pas tout de suite que j’étais un volcan ? Est-ce qu’il les aimait, lui ? Est-ce que c’était une âme de teneur de livres, ce descendant de Romulus ? Il n’avait vraiment rien du civis et du commilito, avec son pantalon et ses lunettes !


Qu’y avait-il dans sa boîte ?