Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/310

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Il arrive une goutte d’eau, comme un crachat, sur la vitre du coucou.

Le ciel devient sombre — un coup de tonnerre au loin, — la pluie à torrents.

Un voyageur de l’impériale demande si on peut lui donner asile. On n’ose lui refuser, mais chacun se fait gros pour ne pas l’avoir à son côté.

Ma tante seule se fait mince et montre qu’il y a de la place à sa gauche, de son côté.

Elle est bonne et se sacrifie ; elle appuie à droite, elle est presque assise sur moi, qui en ai la chair de poule…

À chaque coup de tonnerre, elle fait un saut et paraît avoir bien peur. Je crains qu’elle ne voie la petite cicatrice qui fait anneau, et je ne sais où mettre mon nez. Mais comme c’est doux, cette femme à moitié dans mes bras, et dont le souffle me fait chaud dans le dos !…


Nous sommes arrivés ; il pleut toujours.

Elle se retrousse, sous le porche, pendant qu’on dételle la diligence dont la bâche ruisselle, et que j’étire mes jambes moulues.

« Il n’y a pas moyen d’avoir une voiture ?

— Une voiture, pour aller aux Aigues, avec des chemins larges d’un pied, et des ornières comme des cavernes ! Vous plaisantez, ma petite dame !

— Dis donc, Jacques ! Qu’allons-nous devenir ? »

Elle me regarde, et elle rit.

« S’il y avait une chambre où s’abriter en regardant l’orage.