Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/375

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« Vous dites qu’il y a huit facultés de l’âme ? Vous ne faites pas honneur à la source des hautes études à laquelle monsieur le doyen vous félicitait si généreusement de vous être abreuvé, tout à l’heure. Dans le collège de Paris où vous étiez, il y en avait peut-être huit, monsieur. Nous n’en avons que sept en province. »

Les examinateurs, qui lui en veulent, ne peuvent cependant accepter ma théorie des huit publiquement, et je vais porter la peine d’avoir lancé à un examen une franchise qui avait besoin de volumes et d’hommes célèbres pour la faire accepter.

Le doyen rentre et dit sèchement : « Monsieur Vingtras est appelé à se présenter à une autre session. »

La foule se retire en se demandant qui je suis, ce que je veux, et où l’on en arriverait si l’on jouait ainsi avec l’âme ; je renverse les bases sur lesquelles repose la conscience humaine.

Je n’y tiens pas du tout, moi ! C’est la faute à M. Chalmat, qui m’a dit qu’il y en a huit. Je ne suis pas un instrument aux mains d’une secte ou d’une faction.

J’ai dit ce qu’il m’a dit !

Il n’y a donc que sept facultés de l’âme : j’en perds une, — je m’en fiche, — mais je serai forcé de me représenter devant la Faculté de Rennes, — et je ne m’en fiche pas. Je suis bien triste…


Mon père me reçoit, les lèvres serrées, le front plissé, l’œil cave.