Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/374

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Il me fixe : ses lunettes flamboient comme des pièces de cent sous toutes neuves.

Il lui prend l’envie de se moucher.

Il cherche son mouchoir, c’est lui que j’ai retiré tout à l’heure et remis dans la coiffe si grasse.

C’était le chapeau de Gendrel.

Je suis perdu !

Il m’en veut pour les allusions que le doyen a lancées contre lui sous mon couvert ; il m’en veut pour la coiffe et le mouchoir.

Il ne me laisse pas le temps de me reconnaître.

« Monsieur, vous avez à nous parler des facultés de l’âme. »

(D’une voix ferme) : « Combien y en a-t-il ? »

Il a l’air d’un juge d’instruction qui veut faire avouer à un assassin, ou d’un cavalier qui enfonce un carré avec le poitrail de son cheval.

« Je vous ai demandé, monsieur, combien il y a de facultés de l’âme ? »

Moi, abasourdi : « Il y en a HUIT. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Stupeur dans l’auditoire, agitation au banc des examinateurs !

Il y a un revirement général, comme il s’en produit quelquefois dans les foules, et l’on entend : Huit, huit, huit.

Pi — wit !…


J’attends l’opinion de Gendrel. Il me regarde bien en face.