Page:Jules Vallès - L'Enfant.djvu/381

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Elle en est si contente et si fière !

Mais au milieu d’une conversation elle dit tout-à-coup :

« Comme ça fronce ! Et comme on voit qu’il n’y a qu’une demi-doublure ! Si tu te tenais comme ça au moins, ça cacherait ! » (et elle me tire mon gilet pour le faire aller, elle tripote ma cravate).

Claquant la langue tristement, elle ajoute :

« Tu peux te vanter d’avoir choisi du salissant ! Et il n’a seulement pas demandé des morceaux ! »


Mon père sent que je suis ulcéré, et un jour où il me voyait pâlir, il eut peur de mon désespoir.

— Ton fils a voulu s’empoisonner, dit-il à ma mère.

Il en est à croire cela.

La pauvre femme reste muette, glacée.

Il est d’ailleurs las, lui-même, de la vie que nous menons sous le même toit. La maison a l’air d’une maison maudite.


— Dis-lui de m’écrire ce qu’il compte faire.

C’est le dernier mot qu’il adresse à ma mère, après cette soûleur du suicide.


C’est affreux de prendre cette grande feuille de papier vide pour écrire à son père. Il faut mettre « vous. »

Je dis vous pour la première fois.

Je ne vois pas bien avec la chandelle.