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Page:Jules Verne - MonsieurdeChimpanze.djvu/7

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Scène 3e

BAPTISTE, VAN CARCASS ET ÉTAMINE

VAN CARCASS. — Approche, ma fille, l’orgueil de mon muséum : embrasse ton père, dont c’est aujourd’hui l’un des plus beaux jours.

ÉTAMINE. — Vous avez passé une bonne nuit.

VAN CARCASS. — Non, pas bonne, mais excellente, j’ai rêvé singe !

BAPTISTE. — Signe d’argent !

VAN CARCASS. — Signe d’honneur et de gloire !

BAPTISTE (considérant Étamine). — Oh ! je l’aime ! je l’aime !

VAN CARCASS. — Qu’est-ce qui vous prend, Baptiste ? Ce plumeau n’est pas un poulet pour lui arracher ses plumes !

ÉTAMINE. — Pauvre Baptiste, toujours le même, toujours idiot !

BAPTISTE. — Oh ! merci pour cette bonne parole !

VAN CARCASS. — Et maintenant Étamine que tu as suffisamment embrassé ton père, prête-moi une oreille attentive.

ÉTAMINE. — Je vous écoute.

VAN CARCASS. — Tu sais que je n’ai rien négligé pour te rendre heureuse, j’ai entouré ton enfance des animaux les plus intéressants de la création, en attendant que je te trouve un mari.

ÉTAMINE. — Vous savez mon père, que j’aime M. Isidore que vous ne voulez pas recevoir !

VAN CARCASS. — Isidore, le fils de cet amateur de tulipes de Rotterdam !

BAPTISTE. — Jamais, mademoiselle ! jamais ! le mariage ne peut se faire ! il ne se fera pas ! par l’Alhambra !

ÉTAMINE. — De quoi se mêle Baptiste !

VAN CARCASS. — Au fait, qui vous demande votre opinion ! je vous trouve bien hardi ! si jamais vous vous permettez de donner votre avis. Après tout, comme il est conforme au mien, je vous pardonne.

ÉTAMINE. — Cependant !…

VAN CARCASS. — Jamais la fille d’un Van Carcass ne sera la bru d’un tulipier dont la collection attire plus d’étrangers que mon muséum !… pour en revenir à ce que je disais, où en étais-je, Baptiste ?

BAPTISTE. — En attendant que je te trouve un mari.

VAN CARCASS. — Ah ! j’ai donc entouré ton enfance des animaux les plus intéressants de la création, en attendant que je te trouve un mari pour compléter mon œuvre, je me suis adressé à mes correspondants