que lui laissaient ses occupations militaires ;
et cependant, peu-à-peu et d’une
manière presqu’insensible, ses assiduités
diminuèrent ; les expressions de sa tendresse
devenaient moins vives et moins
fréquentes. Lorsque je m’en plaignais à
lui, il s’excusait tantôt sur la multiplicité
des devoirs à remplir, tantôt sur les manœuvres
fatigantes auxquelles il devait
se livrer : une femme qui aime est un
argus à qui rien ne peut échapper ; je ne
fus pas longtemps la dupe de ses prétextes,
quelque spécieux qu’ils fussent ;
je soupçonnai que mon amant avait
formé quelque nouvelle connaissance,
ou peut-être qu’il avait renoué avec une
ancienne maîtresse dont il m’avait parlé
mais qu’il m’avait promis de ne revoir
jamais.
Dès que la jalousie s’est introduite dans le cœur d’une femme, elle y fait bientôt les plus grands progrès ; c’est un nain qui devient en peu de temps un géant. Cette funeste passion ne lui laisse aucun repos, empoisonne tout pour elle,