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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/19

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conduite que la brièveté de notre existence m’a toujours fait regarder comme le meilleur : jouir du présent et en jouir suivant ses goûts, tel est et tel fut toujours mon système, le principe et le mobile de toutes mes actions ; aussi ma devise était-elle celle de la fameuse Duchesse d’Orléans : Courte et bonne.

Cette digression un peu longue, mon cher Lecteur, a fait peut-être sur toi l’effet d’un soporifique. J’en suis fâchée ; mais souviens-toi que tu es en ce moment avec une femme vive, qui raisonne quelquefois, bavarde souvent, et s’amuse toujours. D’ailleurs il fallait bien que je te montrasse un peu mon moral à nu. Cette besogne au physique ne m’a jamais beaucoup coûté non plus ; ainsi graces pour ce travers. Garde-toi de te livrer aux pensers diaboliques en lisant mes fredaines… Tiens ; à propos de cela, je me rappelle que mon jeune frère, en lisant le portier des chartreux, venait me trouver. Je n’avais que 12 ans alors et… Eh bien oui, il faut te l’avouer ; il